Olivier Denis-Massé : « on s’attend à une baisse des licences au total sur 2020 »

Olivier Denis-Massé - FFGolf
Entretien avec Olivier Denis-Massé : le gros travail de ses équipes depuis le début du confinement et les dossiers normalement prévus pour le printemps : WHS et KADY entre autres

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Un des services névralgiques de la Fédération Française de Golf est encore un peu plus sous le feu des projecteurs pendant cette période exceptionnelle. Avec Olivier Denis-Massé, nous avons souhaité évoquer le (superbe) travail réalisé par ses équipes depuis le début du confinement mais aussi parler des dossiers qui devaient être lancés au printemps et mis logiquement en stand-by.

Bonjour Olivier, pouvez-vous nous faire une courte présentation de votre parcours ?

Olivier Denis-Massé, Directeur délégué FFGolf

J’ai 58 ans et j’ai passé 18 années dans le groupe EURO RSCG, désormais Havas depuis septembre 2012. C’est lors de mon dernier poste dans le groupe, en tant que Directeur Général Adjoint de Havas Sport que j’ai côtoyé de plus près la Fédération qui comptait parmi nos clients. J’ai rejoint la FFGolf en juillet 2014 où j’évolue comme Directeur délégué en charge du Marketing et de la Communication, des Médias et du Digital.

Comment est organisé votre département ?

C’est un service articulé autour de 5 pôles principaux comptant un total de près de 20 personnes :

  • Communication (5 pers) : actions auprès du grand public, des clubs, comités départementaux, ligues ; opérations de comm externe sur les licences, les journées portes ouvertes / découverte…
  • Marketing (5 pers) : licences et fidélisation – CRM licenciés, newsletter licenciés, gestion des partenaires, régie espaces médias
  • Licences (3 pers) : relation au quotidien des 420000 licenciés – envoi des licences, hot line, certificats médicaux…
  • Digital (2 pers) : réseaux sociaux, site internet qui s’appuie sur notre DSI et des prestataires externes 
  • Contenu (3 pers + pigistes) : production de contenus à destination de nos médias et Relation Presse

Depuis la mise en place du confinement, l’animation de la FFGolf sur les réseaux sociaux est de grande qualité, est-ce destiné à être prolongé au-delà ?

En fait, ce que l’on fait en ce moment est l’aboutissement d’un travail initié il y a 6 mois et qui devait justement être prêt pour mars/avril. Nous avions décidé la refonte de nos contenus pour proposer plus de cohérence et d’unité dans leur utilisation sur nos différents médias.

Depuis le début de l’année, nous avons mis en place chaque lundi matin un principe de conférence de rédaction qui traite les sujets « chauds” de l’actualité. En complément, une fois par mois, nous organisons une réunion plus dense permettant de définir les programmes du mois à venir. Nous étions prêts pour le lancement, et la crise est arrivée.

Ce qui a donc accéléré la mise en oeuvre ?

Exactement, et surtout nous nous sommes dit qu’il fallait qu’on densifie cette démarche. Les tips de Patrice (Amadieu) qui étaient prévus à raison de un par semaine, on a vu pour qu’il en fasse un par jour depuis chez lui, même démarche avec les conseils de Laurène (Ulivieri). On a également sollicité Jean-Luc (Cayla) pour proposer du contenu supplémentaire.

Nous envoyons donc une newsletter quotidienne avec ces différents tutos pour rester en contact avec le golf et être prêt pour la reprise. Cela est complété par des interviews de nos champions, professionnels et amateurs, et des bons plans pour occuper cette période de confinement. 

En parallèle, nous savons que nos clubs souffrent donc nous lançons un programme #jesoutiensmonclub avec le souhait de mettre en avant tous les anonymes qui oeuvrent chaque jour pour permettre à leur golf d’être opérationnel lors de la réouverture.

On a donc donné un veritable coup d’accélérateur du fait de la situation mais l’objectif est bien de poursuivre sur cette voie, en adoptant un rythme plus normal après la sortie de la crise. Aujourd’hui on propose 3 à 4 contenus par jour avec une newsletter quotidienne. Dans les premiers jours, on a eu 200.000 personnes qui ouvraient le mail et cliquaient sur les sujets, mais on a conscience que cela va se tasser. On ne veut pas non plus lasser les gens tout en sachant qu’on reviendra plus tard à une ligne éditoriale plus axée sur le jeu et les parcours.

Le premier semestre 2020 aurait surtout dû être occupé en majorité par la mise en place du WHS. Depuis combien de temps préparez vous ce changement d’index ?

C’est un an de préparation pour adapter nos systèmes informatiques et pour nous coordonner avec l’EGA (European Golf Association) afin de disposer d’une solution opérationnelle et universelle. Il y a eu un gros travail de notre direction sportive et de notre DSI (Direction des Systèmes d’Information) pour être prêt.

Quels sont les échos des clubs et des licenciés sur ce nouvel index ?

On a fait un gros travail de formation et d’information auprès des clubs avec la mise en place de nombreux webinars. On a aussi créé toute une série de vidéos pour l’expliquer aux golfeurs.
Je pense que c’est plutôt bien perçu avec ce qui devient un handicap plus juste reflétant vraiment son niveau moyen de jeu. Auparavant, l’index s’apparentait plus à la valeur de son meilleur niveau. 

En parallèle, vous allez lancer une nouvelle application ?

Oui, KADY. C’est une application sur laquelle nous avons commencé à réfléchir il y a un peu plus de 18 mois. On a d’abord regardé ce qui existait dans l’univers du golf avec des applications françaises et étrangères. Ensuite, on s’est intéressé à ce qu’il y avait de disponible dans d’autres domaines. C’est là que nous avons rencontré des personnes de Yuge (Paradiski ) qui propose autant des données sur vos performances personnelles (nombre de pistes descendues, dénivelé total, vitesse moyenne…), que des éléments de géolocalisation de tes amis ou encore des informations sur l’environnement (météo, trafic des remontées, restaurants…). 

Cela correspondait à ce qu’on souhaiter créer, à savoir une application très communautaire pour organiser sa partie de golf entre amis, disposer de ses stats de jeu et avoir tous les renseignements sur les parcours.

« La diversité de l’offre devenait un frein à la pratique avec la nécessite d’avoir plusieurs applications pour réserver un départ selon le golf choisi »


Quels sont les objectifs de KADY ?

Il y en a plusieurs. 

D’abord pour les joueurs déjà pratiquants, elle va permettre d’organiser sa partie, convier ses amis, trouver le parcours sur lequel jouer et même réserver les départs en ligne. On s’est tous retrouvé dans cette situation où l’on planifie de faire un golf le mardi matin à 9h00 avec des copains où il faut d’abord trouver le parcours autour de soi en les appelant un par un, ensuite trouver une heure de départ qui au final n’est pas forcément celle souhaitée. Il faut alors reprendre contact avec ses partenaires pour être sûr que ce nouvel horaire convient à tous… 

La diversité de l’offre devenait un frein à la pratique avec la nécessité d’avoir plusieurs applications pour réserver un départ selon le golf choisi. Avec KADY, je vais savoir immédiatement quel golf autour peut nous accueillir, valider le choix avec mes partenaires depuis l’application, réserver et même parfois payer directement. Ensuite, en arrivant sur le golf, les cartes de score seront à disposition dans l’application, vous pourrez choisir votre formule de jeu puisqu’on les a toutes intégrées, avoir les coups rendus sur chaque trou. Vous pourrez même créer une mini-compétition à 4,6, 8… en jouant le mardi à tel endroit, le jeudi à un autre, etc.

Pour les licenciés, KADY pourra également être utilisée pour enregistrer sa partie certifiée avec un partenaire pour l’evolution de son Index.

Enfin pour les débutants, il y aura toute une série de tutos sur le matériel, les règles ainsi que des informations sur les opérations découvertes disponibles autour de chez soi si l’on veut se mettre au golf.

En résumé, nous souhaitions simplifier la pratique et l’accès à toute l’offre avec un assistant golfeur, d’où le nom de KADY et elle sera valable pour réserver dans quasi tous les golfs (hors associatifs).

Est-ce toutefois le rôle d’une fédération de créer une application ?

Oui je pense car seule la FFGolf pouvait le faire. Nous étions capables de réunir tous les acteurs et les différents réseaux (UGolf, Bluegreen, Golfy, Open Golf Club…) autour d’un objectif commun. Tous les clubs passent par aujourd’hui par des plateformes (Leclub Golf, Book and Golf, Mygreenfee.com,…) et nous avions les moyens de proposer un agrégateur unique sur lequel ces plateformes vont se connecter. Tout le monde s’est rendu compte de l’intérêt pour avoir accès à la totalité des golfeurs via KADY. Ce sont au final des investissements très lourds (proches de 1M€) mais avec l’avantage que nous pouvons nous permettre d’avoir un objectif de rentabilité à moyen terme. 

Pourquoi ? 

Parce qu’on fait le pari que cela va générer de la pratique, du trafic dans les clubs et donc de la licence. Les fonctionnalités de réservations de partie seront accessibles à tous mais la gestion des parties amicales certifiées sera accessible uniquement aux licenciés. Une précision, nous ne vendons pas de green-fees, ni ne récupérons de pourcentage sur les ventes.

L’application sera gratuite ?

Oui et disponible dans tous les stores à partir de la réouverture du jeu. A l’origine, elle devait être lancée lors du Mondial du Golf mi-mars mais les événements ont logiquement bousculé le planning.

De manière quasi unanime, tout le monde a d’ailleurs salué la réactivité de la FFGolf lors de la mise en place du confinement par le gouvernement. Cela s’est fait facilement ?

Comme tout le monde je pense, on a pris l’annonce de plein fouet le samedi soir et le coup d’arrêt a été brutal. Le lendemain, il faisait beau et les golfs n’ont effectivement pas tous compris le sens des mesures. On ne pouvait pas imposer donc on a eu une réunion de crise dans l’après-midi avant de fermement recommander la fermeture des golfs.
Ensuite on a essayé d’être super réactifs pour continuer d’assurer nos missions vis-à-vis des clubs et des licenciés.

L’impact économique pour les clubs va être évident mais aussi pour la FFGolf j’imagine avec par exemple une baisse des licences ?

Pour les clubs, cela va forcément varier selon leur typologie. Un club associatif qui a globalement encaissé ses cotisations avant le 1er mars a un peu plus de trésorerie. En revanche, pour les clubs purement commerciaux, on est tombé dans la période où les joueurs auraient dû reprendre leur abonnement annuel. En parallèle, la vente de green-fees devait elle aussi démarrer avec les beaux jours. Ce qui fait que pour eux, à la sortie de l’hiver avec une trésorerie plutôt faible, cela s’annonce compliqué. On essaie donc de les accompagner quotidiennement, tout en préparant le terrain pour que les membres n’arrivent pas lors de la reprise pour réclamer la période de cotisation où ils n’ont malheureusement pas pu jouer.

Côté licences, potentiellement, et dans le pire des cas, ce sont 50.000 licences en moins sur cette période 15 mars-début mai. Aujourd’hui on arrive à vendre tout de même une centaine de licences par jour, certains voulant profiter des avantages associés comme le kiosque numérique notamment. On pense et on espère qu’on arrivera à refaire une partie du retard sur le reste de l’année. On a encore les annonceurs qui restent á nos côtés mais clairement, oui on s’attend à une baisse des licences au total sur 2020.

Dans cette idée, lors du déconfinement qui devrait être progressif, on prépare une campagne qui va inciter les gens à retourner vite sur leur golf et encourager les non golfeurs à s’essayer à la pratique.

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