Il y a deux mois, nous avions échangé longuement avec Pascal Van Hollemeersch, greenkeeper du Golf de Caen la mer pour évoquer notamment le label bronze pour la biodiversité obtenu par le golf. Jeudi 26 mars, en pleine période de confinement, nous avons repris contact avec Pascal pour savoir comment les choses se passent à Caen.
Bonjour Pascal, alors d’abord comment vas-tu ?
Pour l’instant ça va bien. Avec ma femme, cela fait maintenant 10 jours que nous sommes réellement confinés, puisque nous ne sommes même pas sortis pour faire les courses. Deux de mes enfants habitent à proximité mais nous nous sommes croisés une seule fois par la fenêtre, très rapidement pour respecter les consignes. On se fait des vidéos tous les 2/3 jours pour discuter ensemble et cela nous permet de voir nos deux petits enfants qui grandissent vite. Mais clairement on ne s’est pas trop où l’on va.
Justement, sur le golf de Caen la mer, quelle est la situation ?
Il s’avère que nous avons été fermés avant le confinement (11 mars 2020) car il y a eu 6 cas avérés dans le village de Biéville-Beuville qui a entraîné une fermeture administrative par le préfet, à l’époque prévue pour 12 jours.
Le golf étant fermé aux joueurs, nous avions alors décidé de mettre en place plusieurs opérations mécaniques (aération à louchets creux sur les greens puis une aération avec des louchets pleins – lire l’article sur le blog de Pascal). On a pu donc avancer sur ces opérations pendant ces quelques jours avant la fermeture nationale du 16 mars.
Désormais comment fonctionnez-vous ?
Les deux patrons du golf, Christophe Durier et Maxime Morel, ont décidé de faire appliquer le confinement de manière stricte, ce qui fait qu’aucun personnel n’a été sur le parcours. Ils se sont relayés pour assurer eux-mêmes les tontes de greens. Cela permettait de préserver le personnel, tout en ayant aussi un moyen d’échapper par instants au confinement.
En matière d’entretien, ces tontes sont suffisantes ?
En ce moment, les températures sont assez fraiches avec des coups de -2/-3° régulièrement la nuit, la pousse est donc contenue même si les après-midis sont belles. Nous ne sommes pas encore dans des temperatures printanières. Cela nous laisse un peu le temps de voir venir.
Comment s’annoncent les prochains jours ?
Depuis hier (mercredi 25 mars), nous avons commencé à réfléchir à la meilleure stratégie à adopter pour, d’abord, respecter le confinement au maximum et ne pas galvauder le travail des soignants, des forces de l’ordre et des personnes impliquées activement dans cette crise. Ensuite, nous avons réfléchi à comment préserver au mieux le personnel. Donc, à partir de demain sans doute (vendredi), nous allons faire revenir les gars mais en évitant de se croiser avec l’idée de n’avoir qu’une seule personne sur le parcours à un instant T.
Sur quelles tâches allez-vous vous concentrer ?
L’entretien des greens bien sûr mais nous entrons dans la période où il va falloir s’occuper aussi des départs et des fairways. Le rough éventuellement sans que cela ne soit une priorité. Même si nous ne connaissons pas encore le délai, l’objectif est de pouvoir réouvrir très rapidement dès que le confinement est levé.
En parallèle, nous sommes aussi en travaux d’arrosage avec un prestataire extérieur donc il faut veiller à ce que les autorisations diverses soient bien respectées pour ne pas que ce chantier s’arrête.
En combien de temps, le parcours pourrait-il être prêt à jouer ?
Dès que l’on aura le feu vert, il nous faudra une petite semaine je pense. Oui, en 4/5 jours cela devrait être faisable : 2 tontes croisées, 2 tontes sur les départ, une tonte croisée sur les greens. Si nous avons le temps, nous ferons peut-être un verticut et un topdressing là-dessus (épandage de sable). Enfin, refaire les trous puis un coup dans les bunkers et cela devrait être suffisamment golfique pour les joueurs..
As-tu échangé avec tes homologues sur d’autres golfs ?
J’ai pu discuter avec des collègues ou d’autres directeurs, anciens ou actuels. Nous avons beaucoup évoqué la reprise, notamment à la levée du confinement où le golfeur, autant que possible, serait bien inspiré d’aller jouer un peu partout autour de chez lui en green fees pour re-doper l’activité, refaire tourner les boutiques et les restaurants.
A l’instar du citoyen lambda avec les commerces de proximité ?
Exactement, si le golfeur peut arriver à donner un peu aux structures golfiques, cela permettra de combler un peu le chiffre d’affaires perdu au vu des circonstances exceptionnelles que nous sommes en train de vivre.
En attendant comment occupes-tu tes journées ?
Depuis le début du confinement, je ne suis pas encore retourné sur le parcours. J’ai avec moi énorme de boulot sur des tâches administratives qui sont nécessaires pour la comptabilité par exemple. Je m’occupe aussi de faire le lien entre les directeurs et les gars, de maintenir les relations avec nos fournisseurs et les prestataires mais je n’ai pas le sentiment d’abattre autant de travail que quand je suis sur le parcours. Ça me manque !