Nathanaël Pietrzak-Swirc : « Notre métier de directeur de club est en train de changer »

Remise diplome CMM - Nathanaël Pietrzak-Swirc
Premier Français à recevoir le diplôme internationalement reconnu de Certified Club Manager (CCM). Nathanaël Pietrzak-Swirc explique pourquoi il juge cette formation incontournable pour l'avenir du métier de management d'un club de golf.

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Originaire de Saint-Etienne, c’est pour le vert des parcours de golf que Nathanaël Pietrzak-Swirc s’est très tôt passionné. A 33 ans, ce sont déjà 28 années de golf à son compteur dont 10 en tant que directeur de golf ! Il est le premier Français à recevoir le diplôme internationalement reconnu de Certified Club Manager (CCM). Une formation qu’il juge incontournable pour l’avenir de son métier et la façon de l’appréhender.

Bonjour Nathanaël, expliquez-nous votre parcours ?

Nathanaël Pietrzak-Swirc 2019
Nathanaël Pietrzak-Swirc, directeur régional UGOLF

J’ai débuté le golf à 5 ans. J’étais passionné par le jeu mais j’ai assez vite réalisé que je ne pourrais pas faire carrière comme joueur professionnel. Pour ne pas quitter mon domaine de passion, j’ai choisi de faire l’IUT de Nîmes (2004-2006) pour être directeur de golf. C’était une formation organisée par la Fédération à l’époque et que j’ai effectuée en alternance sur le golf des Baux de Provence. Après mon DUT, j’en suis devenu assistant directeur avant de partir à l’étranger, au Portugal puis en Egypte, en restant évidemment dans le monde du golf.

Je suis revenu en France en 2009 pour prendre la direction du golf de Marseille Borely, à l’âge de 23 ans, puis responsable golf de St Tropez Gassin, un club privé, en 2012. C’est au cours de cette année que j’ai aussi débuté la formation CCM qui m’apparaissait comme une belle opportunité de poursuivre mon envie de nouvelles expériences à l’étranger.

Désormais vous êtes entré chez UGOLF. Comment cela s’est fait ?

Au travers de la formation CCM, j’ai rencontré des personnes qui travaillaient chez NGF (ancien nom de UGOLF – NDLR) et elles m’en disaient beaucoup de bien. Tout en continuant de m’investir dans la formation, en 2014, j’ai passé des entretiens pour rentrer dans le groupe. J’ai découvert une entreprise avec beaucoup de valeurs et avec des gens qui parlaient le même langage que moi.

Mon premier poste a été comme adjoint de Jean-Louis Boulet au Château de Cely (77) pendant un peu moins avant que le groupe ne me fasse confiance pour prendre la direction de Avignon Chateau Blanc puis avec la direction de la région Sud-Est depuis début 2019.

Votre vision de UGOLF maintenant que vous êtes à l’intérieur ?

C’est un groupe qui offre de vraies perspectives. Le modèle choisi par UGOLF fait totalement sens au vu de l’évolution de notre sport et celle de notre industrie. Il y a une vraie montée en puissance du groupe et j’apprécie énormément le mode de fonctionnement.
Et puis, pour la petite anecdote, je suis d’autant plus impliqué que le nom « UGOLF » est celui que j’avais proposé lorsqu’il y avait eu une réflexion en interne. 🙂

« On a affaire à une industrie extrêmement puissante qui a généré 24 milliards € aux USA en 2019 »

Qu’est ce que cette formation Certified Club Manager ?

Via l’impulsion de l’ADGF, cette formation créée par le Club Management Association of America est arrivée sur le marché français en 2012. Pour le niveau 1 de cette formation, nous étions 24 directeurs de golf français. Le cursus complet de formation CCM comporte plusieurs modules et se déroule sur 5 ans. A l’issue des 2 premiers modules, on peut obtenir un diplôme européen. J’ai poursuivi au-delà, 5 semaines de formation supplémentaire, jusqu’au diplôme international qui est décerné après un test final de 8 heures, réparti entre 4 heures de QCM et 4 heures d’étude de cas. Il faut également être allé au moins une fois à la World Conference.

Je m’y suis rendu pour la première fois lors de l’édition 2018 à San Francisco. En arrivant, on se rend compte que l’on entre dans une autre dimension de notre métier. Le Club Management, cela n’a rien à voir. Ce n’est pas que du golf, il faut le comprendre « tennis club », « club privé », « gentlemen club »…  On a affaire à une industrie extrêmement puissante qui a généré 24 milliards € aux USA en 2019. J’ai donc découvert une autre taille d’industrie. Ce sont 3000 personnes qui assistent chaque année à la conférence.

World Conference 2020 - CMAA - Texas
World Conference 2020 – CMAA – Texas (February 2020) | © Nathanaël Pietrzak-Swirc

Que retenez-vous de cette formation ?

D’abord, les personnes et les cabinets de recrutement que j’ai rencontrés à la conférence m’ont appris que pour un Français qui a envie de travailler dans cette industrie à l’international, la porte d’entrée n’est pas le golf, mais plutôt par le biais de la restauration, de la gastronomie et du savoir vivre.

Je retiens aussi qu’il y a de  la place pour le développement de UGOLF à l’étranger comme le souhaite Pierre André Uhlen et faire partie du Top10 mondial. Cette certification me sera utile pour jouir d’un réseau, pouvoir échanger plus facilement et avoir des ambitions plus internationales au sein du groupe.

Et vous n’êtes cependant que le premier Français à recevoir ce diplôme ?

Nous ne sommes que 3 des 24 au départ à être allés jusqu’au terme. J’ai raté deux fois l’ultime épreuve avant de la passer avec succès cette année. Mes deux autres collègues, Pierre Chevallier et Hugues Arcens, qui ontpassé tous les diplômes devront aussi repasser ce dernier examen. C’est donc une formation assez lourde.

Une autre problématique est que la formation nécessite un bon niveau d’anglais. Aujourd’hui je vais travailler avec Marc Bousige et l’AIMG pour mettre en place ce diplôme en France pour qu’il devienne le tronc commun de notre métier à l’avenir, attestant que l’on a toutes les compétences pour diriger un club.

C’est une évolution nécessaire ?

Oui car notre métier est en train de changer. Le dernier recrutement au golf de Cannes-Mougins avait justement comme pré requis d’être certifié Club Manager. L’idée est donc de se préparer à cette évolution qui va dans le sens d’une meilleure reconnaissance de notre métier comme le souhaite l’ADGF.

Diplome CMM - Nathanaël Pietrzak-Swirc
Diplôme Certified Club Manager | Nathanaël Pietrzak-Swirc

En quoi cette formation est différente ?

C’est la plus belle formation que j’ai jamais faite dans ce métier, ça m’a ouvert des horizons et une vision de mon métier totalement différente. Le diplôme existe depuis 60 ans donc cela a été pensé et vraiment adapté à ce que l’on fait au quotidien. C’est un diplôme qui a été fait par des Clubs Managers pour des Clubs Managers, il y a donc une vraie connaissance du terrain.

Cette formation nous incite à mettre en place une réflexion et une philosophie axée sur le fait que chaque club doit avoir une stratégie, doit connaitre ses valeur et doit avoir une vision avec un plan d’actions défini. C’est la colonne vertébrale de cette formation : il faut créer une stratégie que l’on doit savoir ensuite partager à ses équipes, à ses clients, aux acteurs locaux.

Et de la théorie à la pratique, cela se passe comment ?

A l’international, on s’aperçoit que les grands groupes comme Troon ou Accordia Golf par exemple sont en train de reprendre la gestion en direct de leur restaurant car aujourd’hui, nous ne sommes plus seulement gestionnaire d’un club de golf mais gestionnaire d’un lieu de vie et le club-house est déterminant là-dedans.

D’ailleurs, c’est un enseignement qui a été tiré chez UGOLF où l’on a repris la partie restauration sur certains de nos golfs depuis 2/3 ans pour en faire un axe de développement. Il y a une vraie carte à jouer là dessus.

C’est-à-dire ?

Je vois le restaurant comme la plus belle porte d’accès au golf ! Ici à Avignon, on a créé une phrase clé : « UGOLF Avignon Châteaublanc, un club convivial de passion sportive et d’art de vivre« . Donc 3 éléments clé que sont convivialité, passion sportive et art de vivre. Pour ce dernier élément par exemple, en reprenant la partie restauration sur le site d’Avignon, cela nous permet de créer un nouveau lieu de vie que l’on n’avait pas avant lorsque le propriétaire était externe.

Chez UGOLF, nous mettons énormément d’énergie pour créer de nouveaux golfeurs via notre académie et c’est une composante de notre ADN qui permet à nos golfs de fonctionner. On le sait, le golf cela reste compliqué à maitriser et on est d’ailleurs l’un des rares sports à proposer des découvertes tous les week-ends.

En revanche, tout le monde peut venir manger au restaurant, sans avoir besoin de compétences particulières. Quand je suis sur site, je vais voir toutes les tables pour leur parler du golf et de nos initiations. Pour les gens qui ne sont pas absolument pas intéressés, on leur propose une carte de fidélité pour être membre du club, « social club », pour pouvoir consommer au club, ou participer à nos soirées. Comme je le disais plus tôt, l’ambition que Charlotte Giuliani la directrice actuelle du site porte est de faire du club un lieu de vie du bassin avignonnais pour les 1200 membres que nous avons.

https://www.instagram.com/p/BxMwEyhlc2f/?igshid=gbukzrwlul1d

Mais ce côté « club » ne va-t-il pas à l’opposé d’ouvrir le golf au plus grand nombre ?

Je ne le pense pas du tout. Aujourd’hui, nous sommes dans une ère extrêmement numérique, ont envie de partager beaucoup de choses sur les réseaux sociaux mais finalement on partage assez peu. Ce que nous proposons est un vrai échange humain. Nous avons des gens qui ont pris l’habitude de venir chez nous prendre le petit déjeuner et ils ne sont pas golfeurs. Notre site ne sera jamais Augusta mais c’est un vrai lieu de vie très sympa où nous mettons tout en oeuvre pour vous donner envie de revenir.

Et l’avenir du golf en France ?

Sincèrement, je suis très très optimiste pour la suite. Je sais qu’un test de la formation CCM a mis en évidence que j’étais un « optimiste névrosé ». je suis conscient de tous les indicateurs de notre industrie, la population vieillissante, la baisse du pouvoir d’achat, les contraintes de climat, d’environnement mais nous avons tous les atouts pour rebondir. Nos créons quelque chose qui est très recherché dans notre culture : le lien humain. Oui, à cela j’y crois beaucoup.

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