Karine Espinasse-Beauvalet est tombée dans la potion magique du golf quand elle était petite. Des débuts à l’âge de 7 ans, joueuse de haut niveau en amateur via les équipes de France entre 13 et 20 ans, Karine passe professionnelle en 1985 alors qu’elle était n°1 française et européenne. Elle enchaine 12 années sur le circuit européen, écumant même le circuit asiatique entre 1987 et 1992, avant qu’un accident de voiture ne stoppe brutalement sa carrière en 1995. Aujourd’hui directrice du Golf des Yvelines, elle répond à nos questions.
Bonjour Karine, comment passe-t-on de joueuse à directrice de golf ?
A l’issue de ma carrière sportive, j’ai d’abord travaillé pendant 4 ans chez PromoGolf en tant que chef de projet et directrice de tournois sur 3 épreuves du circuit européen féminin dont l’Open de France. Ce fut une expérience très importante pour moi car j’ai énormément appris et cela me sert encore aujourd’hui au quotidien.
J’ai souhaité ensuite me consacrer à ma famille pendant quelques années jusqu’à ce que mon fils entre à l’école avant de me tourner vers l’enseignement. J’ai monté mon académie au golf du Tremblay (78) avant de trouver un poste d’enseignante, ici, au golf des Yvelines en 2007. 2 ans plus tard mon prédécesseur est partie en retraite, et comme cela correspondait à une envie chez moi de diriger un golf, j’ai donc soumis ma candidature aux propriétaires et elle a été acceptée.
Depuis 10 ans donc que vous exercez ce métier, que pouvez-vous nous en dire ?
Je ne sais pas encore tout car c’est un métier multifonctions mais j’y apporte mon expérience et mon savoir-faire liés à mon passé de joueuse, d’enseignante et de directrice dans l’évènementiel. En 12h de temps sur une journée, on passe de la compta au greenkeeping, puis par la restauration, les stocks, les achats. Bref c’est très diversifié ! C’est aussi ce qui fait la beauté de ce travail, on ne s’ennuie pas.
Pouvez-vous nous présenter le golf des Yvelines ?
Juridiquement, c’est un golf géré par une SARL, employant 22 personnes à plein temps et jusque 24/25 en haute saison avec des saisonniers supplémentaires.
C’est un golf qui s’étend sur 95 ha comprenant 27 trous avec le ) trous « Les Tilleuls » et le 18 trous « Les Chênes ».
C’est un parcours qui a beaucoup évolué grâce à l’investissement financier régulier et conséquent de nos propriétaires, comme ils le font d’ailleurs sur tous les parcours du réseau Open Golf Club.
Cela nous a permis, par exemple, de recevoir le championnat de France dames en 2018 (coupe Gaveau) et l’an prochain (2020) nous accueillerons le championnat de France messieurs 1re division équipe 2 (trophée Pierre Etienne Guyot). C’est un parcours qui est donc prêt pour recevoir des épreuves nationales amateur et le but du jeu c’est d’accueillir un tournoi professionnel d’ici 2021/22.
En terme de membership ?
A ce jour nous avons entre 400 et 420 membres à l’année.
Et côté sportif ?
Toutes les équipes au niveau fédéral sont en 2e ou 3e division nationale grâce à une politique sportive mise en place après mon arrivée. Nous montons en puissance notamment chez les femmes et j’en suis forcément très contente.
organiser une épreuve professionnelle (…) la porte est ouverte à toute entreprise qui serait intéresser par participer au projet
Vous évoquiez l’accueil d’une épreuve professionnelle, que vous manque-t-il pour permettre une telle organisation ?
Pas grand chose côté parcours, 2 ou 3 petites améliorations de ci et de là car aujourd’hui le parcours se défend déjà très bien en mêlant longueur et technique. Nous avons également un practice et une zone d’entrainement de qualité. Je dirais que c’est surtout l’aspect réceptif demandé par les cahiers des charges que nous devons encore améliorer. Mais nous avons la chance d’avoir tous les ans des objectifs en terme d’investissements et de rénovation.
Avez-vous déjà ciblé un circuit en particulier ?
Naturellement une épreuve Femmes m’irait parfaitement, d’autant plus quand je vois ce qu’est devenu le circuit européen et à quel point ça me fait mal au coeur. Il n’y a d’ailleurs plus aucune épreuve professionnelle féminine sur Paris et je pense sincèrement qu’il y a une place à prendre. Peut-être commencer par une épreuve du LETAS qui pourrait transformer à terme vers un tournoi du LET. Mais cela peut-être aussi une épreuve Messieurs avec l’Alps Tour ou le Senior Tour par exemple. Nous sommes en phase de réflexion et évidemment la porte est ouverte à toute entreprise qui serait intéressée par participer au projet 🙂
Votre passé de joueuse professionnelle et de haut niveau est-il un avantage ?
Chaque directeur a une sensibilité selon son background, certains viennent du monde du tourisme, de la restauration, de la gestion/comptabilité et d’autres comme moi qui viennent du golf professionnel, joueur ou enseignant. Donc, en tant qu’ancienne joueuse, j’ai logiquement une vision et une empreinte qui me guident pour ce qui touche au parcours mais loin de moi, l’idée de m’afficher comme experte. Il y a d’autres sujets où j’ai encore des choses à apprendre et surtout il faut être conscient de ses faiblesses et des domaines dans lesquels il faut encore progresser.
Comment se porte financièrement le golf des Yvelines, vu la santé fragile des golfs dans le monde en général ?
Cette difficulté des golfs est bien réelle, être à l’équilibre aujourd’hui est un challenge de chaque instant. Nous avons la chance d’être en progression du chiffre d’affaires depuis 4 ans dont une augmentation de 18% pour l’année qui vient de s’écouler où nous avons fait 32.000 départs dont presque 19.000 green-fees.
A quoi attribuez-vous ce superbe résultat ?
Nous récoltons évidemment les fruits du travail de plusieurs années. Le meilleur résultat depuis 30 ans, rendu possible grâce aux investissements permanents sur le club-house et le parcours. On a par exemple changé le sable de tous les bunkers en 2 saisons sur les 2 parcours. Le bouche à oreilles sur l’ambiance du club, les infrastructures, la restauration et le parcours.
Le consommateur golf va sans cesse comparer et grâce à toutes nos améliorations, on est très apprécié pour ces services aussi bien par le golfeur itinérant que le joueur membre. On a donc récupéré de nouveaux membres, aussi bien de personnes qui ont changé de club que de gens qui ont décidé de devenir membre au golf des Yvelines car ils se sont sentis bien chez nous.
C’est d’autant plus valorisant, j’imagine, que vous êtes dans une région à forte concurrence ?
Oui les Yvelines sont le département français où il y a le plus de golfs donc la concurrence étant très importante, il faut toujours se remettre en question. C’est une réflexion permanente à avoir sur soi-même, sur l’activité et il faut aussi comprendre les « nouveaux » golfeurs. S’adapter à eux et non exiger d’eux qu’ils s’adaptent à nous.
Qui sont ces nouveaux golfeurs ?
Suite au travail de la FFGolf sur l’ouverture et une pratique plus aisée du golf, cela a généré un nouveau type de joueurs avec des personnes qui n’ont pas forcément la culture golf comme celle que j’ai connue dans les années 70/80. Le constat est unanime dans la profession, le problème étant avant tout sociétal avec de moins en moins de respect d’autrui, du parcours, des consignes… Nous devons donc être vigilants pour faire vivre ensemble au sein du club les « anciens » et « nouveaux » golfeurs en apportant sensibilisation et pédagogie. Cela peut être parfois compliqué !
Quels sont les atouts d’appartenir à une chaîne tel que Open Golf Club ?
D’abord le fait que Open Golf Club ait une vraie crédibilité dans le monde du golf. Le point fort d’Open Golf Club, par rapport à d’autres réseaux ou chaines, est d’être propriétaire ou gestionnaire de ses golfs. Ils sont donc logiquement intéressés par ce que leurs établissements prennent de la valeur, d’où les gros investissements réalisés dans tous les golfs d’appartenance. Nous pouvons nous appuyer sur leur positionnement, bénéficier d’interactions entre chaque golf et d’avoir un soutien du siège. Et puis c’est très familial.
C’est très agréable pour nous de pouvoir travailler avec la famille Boissonnas car ce sont des gens accessibles et passionnés par leur métier. Il y a un respect, une tradition, des valeurs qu’ils possèdent tous et cela se retrouve, je pense, dans tous les golf de la chaine.
Quand vous m’avez contacté, vous disiez avoir des choses à dire. Sur quel point en particulier ?
Le poste de directeur.trice de golf est très méconnu, même auprès de nos clients. Comme disent beaucoup de directeurs amis, nous sommes perçus comme un « chef de village au Club Med’ avec ses GO« . On voit notre côté communicant, RP, mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Au-delà, il y a un énorme travail sur la partie RH, gestion, comptabilité, commerciale, greenkeeping, restauration. Et aussi les relations avec les instances dirigeantes : les mairies, les régions, les ligues, la fédération… C’est réellement diversifié ! Cela me semble important d’essayer d’expliquer aux golfeurs ce qu’est le métier de directeur de golf qui est, soit dit en passant, le même dans le monde entier.
Vous travaillez également au sein d’un golf et vous souhaiteriez faire parler de votre club, consultez notre page dédiée et contactez-nous.